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  • Photo du rédacteurAlain Durand

"Je défie cette grande désossée de se tenir debout !"


La Grande Odalisque - Ingres

C’est la remarque très désobligeante qu’Ingres a subie lors de la présentation de La Grande Odalisque au salon de 1819. Il est clair que le dos de cette femme de harem peinte en 1814 fascine l’œil du spectateur.


Lors de sa présentation, le critique d’art Auguste Hilarion de Keratry prononça la phrase fatale : « Son Odalisque a trois vertèbres de trop ! » On ne peut nier que le dos du modèle soit en effet exagérément allongé, tout comme les bras dont la minceur contraste avec le galbe accentué de la hanche, que le sein soit curieusement placé sous l’aisselle et on se demande comment la jambe gauche est attachée au bassin. Alors, défaut d’observation ou erreurs volontaires ? Ingres lui-même a été très clair : « Si j’avais dû apprendre l’anatomie (…), je ne me serais pas fait peintre » (sources : Les Erreurs dans la peinture aux éditions Courtes et Longues).


Pour argumenter scientifiquement la longueur du dos, j’ai retrouvé un article datant du 16/06/2004 dans Sciences et Avenir que je vous restitue partiellement. « Les proportions de La Grande Odalisque font causer depuis fort longtemps. L’hypothèse de trois vertèbres de trop avait déjà été émise. Pour en avoir le cœur net, Jean-Yves Maigne, de l’Hôtel-Dieu, aidé de Gilles Chatelier de l’hôpital Georges Pompidou, et de l’historienne de l’art Hélène Norlöff, ont pris des mesures sur neuf modèles vivants. La taille de leur tête et la longueur de leur dos ont été mesurées dans la même position que celle de l’odalisque d’Ingres, en tenant compte de la perspective adoptée par le peintre. Résultat : la Grande Odalisque a subi une élongation du dos de plus de 8 cm et du bassin de presque 7 cm. Ces 15 cm correspondent à trois lombaires et deux vertèbres sacrées (constituant le sacrum), expliquent les auteurs de l’étude … La position de la Grande Odalisque, son inclinaison, la rotation de son bassin, ne serait pas possible sans ces centimètres supplémentaires, notent Maigne et ses collègues ».


Ceci dit, Ingres assume ses supposées lacunes. Il s’affranchit ainsi des conventions et se révèle d’une grande modernité. Ce que les peintres qui lui ont succédé ont bien compris, qui ont été nombreux à travailler d’après l’Odalisque.

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